Les émotions au travail

Pour ce nouveau #lundilecture de Plan9, nous poursuivons notre exploration de la manière dont la sociologie parle et pense les émotions : Comment analyser le caractère social de la subjectivité ? Comment percevoir les émotions comme un point de contact entre l’individu et son environnement ? 

 Le livre du jour est écrit par la sociologue Aurélie Jeantet : « Les émotions au travail ». Elle y défend l’idée que la domination au travail dans un système capitaliste est fondée sur une maîtrise émotionnelle qui reflète non seulement un rapport de genre (un monde d’hommes marqué par la rationalité v.s un monde de femmes submergé par les émotions) et un rapport de classes (la maîtrise étant du côté des classes supérieures). 

Pour autant, elle assure que si les émotions sont normées socialement, elles ne se laissent pas si facilement domptées : « les émotions ne sont pas qu’agies, elles agissent aussi ». Dans cette perspective, les émotions sont pensées comme potentiellement subversives : « ni totalement prévisibles, ni totalement plastiques, elles bousculent l’ordre social ». Dans ce monde défini par larationalité économique, les émotions peuvent alors devenir un espace de résistance. Porter attention à ce qu’éprouvent les travailleurs et travailleuses, c’est donner du sens au travail réel. 

Réf. Aurélie Jeantet, Les émotions au travail, CNRS éditions, 2018