14 / La momie du château Borély

capture d'écran d mon téléphone portable. On voit à l'écoute l'épisode 4 du podcast de LSD consacré à Toutankhamon
le sol en parquet en gros plan. Il brille car la serpillère vient juste d'y être passée et il est encore mouillé on voit le ballai - serpillère au premier plan

J’écoute des podcast en sortant les chiens… Je pense que vous le savez et d’ailleurs j’en profite merci de m’avoir lu jusque là ! Figurez-vous que j’écoute aussi des podcasts en faisant le ménage, tâche que j’effectue consécutivement à ladite sortie.

J’étais donc tranquillement en train de passer la pièce en découvrant que le masque mortuaire de Toutankhamon n’est peut-être pas le sien mais celui de sa soeur et que donc genre sa tête et ben c’est pas la sienne. Une nouvelle presque aussi trépidante que l’exposé de ma vie domestique. Quand soudain.

J’ai réalisé un truc.

J’en étais à mon quatrième épisode sur la momie que je ne m’étais pas encore dit que ce que j’écoutais était en lien avec la mort.

Ça m’a fait un truc.

D’avoir participé, par ma représentation mentale, à la transformation d’une dépouille en chose, en pièce de musée. Et même en me le disant, j’ai réalisé que je ne parvenais pas à rendre à ce mot « Toutankhamon » son humanité. Je continue à le concevoir comme une pièce de musée. En fait pour dire la vérité même plutôt comme une pièce d’exposition itinérante faite pour ouvrir les portefeuilles de gens fascinés qui veulent « voir le vrai », celui qu’on a vu dans les livres, à la télé et sur le net.

Pourtant je sais que les momies égyptiennes sont des personnes. Quand j’étais petite l’une d’elle était ma copine. Quand j’avais été super sage, mon grand-père m’emmenait voir la momie du château Borély. Je me souviens d’un corps tout recroquevillé à la peau noire dans un rectangle de verre. Des dizaines de minutes passées à lui parler en attendant qu’elle bouge, en imaginant comment elle avait vécu et ce qu’elle pourrait m’en raconter. Je pensais que c’était un peu un truc ultime démontrant ma créativité d’enfant quand soudain…

Tous les Marseillais se souviennent de la momie du château Borély, qui a hanté les rêves de générations d’enfants.

La Provence, 2013

Je cherchais une photo de la momie, je n’ai trouvé que la fin de mes rêves de singularité. J’ai retrouvé quelques descriptions de la collection égyptienne dont un passage qui me laisse penser que la momie n’était pas exposée de la manière dont je m’en souviens mais ni image, ni trace de ce qu’elle est devenue.

J’aimerais le savoir.

Depuis qu’on ne sait plus parlé, j’ai grandi, j’ai réalisé qu’il s’agissait d’une personne arrachée à sa sépulture comme à son pays, dont la tombe a été ouverte, étudiée, exposée et que ce n’est pas ainsi que l’on traite les êtres humains. D’ailleurs les occidentaux n’ont traité ainsi que les êtres humains qu’ils pensaient différents et en deçà d’eux. J’imagine donc qu’elle a été rendue à l’Egypte et inhumée… ou pas.