
C’est avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai participé cette semaine à la séance de lancement du nouveau mandat du CLTSDS (comité local du travail social et du développement social) sous l’égide d’Antoine Pillet. L’intérêt de cette instance de réflexion sur le travail social et médico-social présidé par le Département de Loire-Atlantique est qu’elle réunit à la fois des professionnel·les, des personnes accompagnées et des experts (chercheurs, formateurs, etc.).
Pour cette nouvelle année, Guillaume Briend et Raphaëlle Merlet animent un groupe qui interroge la place des émotions dans le travail social : Avoir des émotions est-il incompatible avec la bonne distance professionnelle ? Comment mieux accueillir les émotions des personnes accueillies pour en faire un outil d’accompagnement ? Comment utiliser ses émotions plutôt que de les subir et en avoir peur ? Autant de questions qui ont émergé au cours de la première séance de travail et qui posent déjà le décor…
L’occasion était trop belle pour ce #lundilecture de Plan 9 de ressortir de ma bibliothèque le magnifique livre de la sociologue américaine Arlie Hochshlid : Le prix des sentiments, une traduction tardive de son ouvrage The ManagedHeart paru aux États-Unis en 1983. Dans ce livre devenu un grand classique de la sociologie des émotions, Hochschild développe le concept de « travail émotionnel ». Même si le terme de « travail » ne doit pas nous induire en erreur : la gestion émotionnelle n’est pas propre à la sphère du travail….
Hochschild fait ainsi la distinction entre « emotionwork » quand un individu refoule ses émotions dans la sphère privée pour se conformer aux attentes sociales qui définissent la situation (par exemple, sécher ses larmes lors d’un enterrement) et l’« emotionallabor » qui correspond à un travail émotionnel de même nature mais effectué en échange d’un salaire. Elle prend en exemple deux métiers supposant un contrôle fort des émotions : le sourire des hôtesses de l’air et l’agressivité maîtrisée des agents de recouvrement…
Pour Hochschild, dans le marché concurrentiel des métiers de service et d’interaction avec le public, la maîtrise des émotions est devenue un axe central de distinction.