
C’est à l’occasion de la journée de la commémoration des dix ans de l’attaque terroriste au siège de Charlie Hebdo que la décision de maintenir la création d’un Musée-Mémorial du terrorisme a été confirmée par l’Élysée, alors que des rumeurs prédisaient son abandon faute de financements suffisants. J’ai lu dans la presse que l’historien Henry Rousso, président de la mission de la préfiguration de l’édifice se réjouissait qu’un tel lieu puisse être à la fois un lieu de mémoire et un lieu d’histoire. Décrypter, se souvenir, garder trace.
L’étude des témoignages spontanés qui ont fait irruption dans l’espace public suite aux attentats du 13 novembre est l’objet du livre du jour du #lundilecture de Plan 9. C’est un livre écrit à plusieurs mains par des sociologues, des historiens, des archivistes… Il s’interroge sur la signification de ces différentes formes de matérialité (dessins, écrits, hommages, fleurs…) qui sont venues envahir les places, les trottoirs, s’afficher devant les façades et sur le travail de mémorialisation qui s’en est suivi. Ce qui est vraiment passionnant c’est de savoir ce qu’il faut garder de ces témoignages venus exprimer de façon singulière une émotion collective : Dans quel but les conserver ? Comment les conserver ? Comment faire la différence entre ce qui mérite d’être gardé et ce qui ne l’est pas ? Si les questions sont théoriques, elles ont aussi une résonnance pratique. De la même manière, si l’ouvrage, produit d’un travail de recherche, offre un regard distancié et réflexif sur ce processus de mémorialisation, il contribue, par la richesse iconographique du fonds photos produit, à créer en lui-même un mémorial de papier.
Sous la direction de Sarah Gensburger & Gérôme Truc, Les mémoriaux du 13 novembre, éd. Ehess, 2020).