La perte


« La question du milieu, dans ce cas, est une
question pratique qui se pose toujours, sous une
forme ou une autre, pour ceux qui restent. Elle
commence souvent avec un problème, auquel
un grand nombre de ceux qu’un mort laisse
s’efforcera de répondre : où est-il ? Il faut situer le
mort, c’est-à-dire lui « faire » une place. Le « ici »
s’est vidé, il faut construire le « là ». Ceux qui
apprennent à entretenir les rapports avec leurs
morts assument donc bien un travail, qui n’a rien
à voir avec le travail du deuil. Il faut trouver une
place, de multiples manières, et dans la très
grande diversité de significations que peut
prendre le mot « place.
« 

Vinciane Despret

Nos premiers pas sur la question de la perte se sont faits dans le monde de la santé sur une recherche sur le parcours de soins de personnes confrontées à une consultation d’annonce d’amputation. Accepter de perdre un morceau de son corps permettait aux personnes de sauver leur vie. Il n’était pas question de deuil mais de douleur du membre fantôme. En écoutant les endeuillé·es, nous avons souvent repensé à ce membre fantôme, cette douleur née de la présence absente d’une partie de soi.

« Quand ça t’arrive tu as l’impression que tu es toute seule, que ce qui t’arrive c’est jamais arrivé à personne. Un mois après la mort de ma fille j’ai vu dans le journal une annonce pour une
conférence [sur le deuil]. J’y suis allée. Là tu te retrouves dans une pièce où y’a 100 personnes et là tu
te dis « ah d’accord ?! »
. »

Endeuillée, février 2024

Nos actions pour comprendre la perte

Cette recherche-création soutenue par la Conférence des financeurs des Pays de la Loire s’intéresse à l’isolement social des personnes âgées endeuillé·es. Associant un travail de récit de soi par la parole à un travail de la matière par la main, il conjugue les interventions sociologique et artistique pour comprendre la reconfiguration de soi nécessaire à la reprise des liens sociaux dans une société qui considère la mort des plus âgés comme allant de soi.

Cette recherche est nourrie par différents projets que nous conduisons nous-mêmes ou pour nos clients. Nous avons choisi une approche socio-historique car elle nous permet de sortir le deuil de l’approche psychologique aujourd’hui dominante pour mettre au jour le social dans lequel il s’enracine et en comprendre la fonction hier et aujourd’hui.

Nous nous intéressons aussi bien aux endeuillé·es qu’aux professionnel·les du deuil qui jouent un rôle important dans la régulation des pratiques et des représentations.

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