Bernard Crettaz, anthropologue et sociologue suisse, a créé le café mortel pour que « chacun qui se croit unique dans sa douleur, puisse se savoir participant d’une communauté où d’autres traversent la même épreuve. »
Au Café mortel on prend la parole pour soi, alors, c’est ce que, je, Elvire Bornand, vais faire pour vous en parler.
Quand j’étais en primaire, mon chien a « disparu ». Je l’ai cherché en vain. Ma mère m’a dit des années après qu’elle l’avait fait euthanasier.
Quand j’étais au collège, j’avais honte que les films d’horreur me donnent des cauchemars horribles.
Plus tard quand j’ai perdu ma grand-mère, ma mère me l’a annoncé en me disant « Change-toi. Tu peux pas t’habiller en rouge aujourd’hui. Mamie est morte. » J’ai décidé ce jour-là que je me chargerai désormais d’annoncer moi-même les morts de nos proches.
Des années après quand mon grand-père est mort, je me suis engueulée très fort avec le type des pompes funèbres qui ne voulait pas que je laisse des roses dans le caveau sur le cercueil.
Enfin sachez que je ne veux pas mourir mais que j’ai impérativement prévu de mourir avant ma soeur.
Voilà. C’est dit. Vous savez désormais des choses très intimes sur moi, des choses qui sont aussi les histoires de nombreuses autres personnes.
Si on était au Café Mortel, d’autres voix seraient venues en écho à la mienne et après on aurait bu un coup.
Parce que parler de la mort nous rassemble.
Affiche réalisée par La Satanée.
Le Café mortel est un temps convivial d’échanges d’expériences personnelles autour de la mort pour ramener la mort dans notre culture. Ce n’est pas un soutien psychologique d’accompagnement au deuil.
Bon je viendrais peut-être, dites m’en plus
Il y a plusieurs tables, certaines pour 2, d’autres pour 4 personnes ou plus. On s’assoit où on veut. Il y a des gens qui viennent seuls, d’autres à plusieurs.
Si on vient avec quelqu’un, il faut prendre conscience avant qu’on dira des choses sur soi qu’on lui a peut-être jamais dit.
Quand ça commence, Elvire prend la parole. Elle donne les règles. La plus importante est qu’on est pas là pour recevoir les conseils d’experts de la morts, on est là pour partager nos vécus, nos pensées, nos ressentis. Si on prend la parole, on parle en disant « je ».
On est pas obligé de parler. Par contre, on s’écoute et on ne se juge pas.
On parle pendant une heure et après on boit un coup.
C’est sûr, je viens, c’est quand ?
1er octobre 2024
La Loco, café associatif
Maison de quartier Halvèque Beaujoire
109, avenue de la Gare de saint Joseph
44300 Nantes
18 juin 2024
La Loco, café associatif
Maison de quartier Halvèque Beaujoire
109, avenue de la Gare de saint Joseph
44300 Nantes
La mort, et après ?
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Francesca Piovani
Fondatrice, CEO et architecte
Rhye Moore
Directeur de l’ingénierie
Helga Steiner
Architecte
Ivan Lawrence
Chef de projet